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Il est une éternité que j’aspire à l’édification d’un roman forgé sur une « sensibilité inaltérable » (Je construis sur un carré la sensibilité, Roman à Équarrir, Éd. Anakota). Du plus loin que je me souvienne, sa constitution élémentique carrésique étendue s’est toujours imposée à moi au travers d’une succession potentielle et sans fin de directrices parallèles (Attention il y du carré à chaque ligne), comme je le signalais dans ce même roman éponyme de 1978. Et, dans mon obsession quotidienne, j’imprime donc la ligne et les lignes du temps de mes romans où je fixe mes hallucinations narratives, les matérialise et les immortalise dans une prosodie répétitive, fidèlement récurrente.

Mes romans incarnés dans des carrés sont mes vertiges personnels, mais ces nouvelles formes de trames sont aussi de véritables narrations offertes à mes lecteurs, liseurs et arpenteurs des interpolations linéaires.

Aujourd’hui, j’éprouve le besoin irrésistible que ces inscriptions aux tracés passionnants et foudroyants, tristes et gais à la fois, le tout de l’infini des stades de la cristallisation romanesque, ne s’abîment point seulement dans l’incarnation de lignes fuyantes et évanescentes potentielles, transcendées en pensées esthétiques absolues, mais se concrétisent au travers du support TANGIBLE D’UN TRAIT OU DU SILLON RÉEL ET APPUYÉ où le mental pur se transmue en des cartouches gravés ou labourés dans la topologie des métropoles du monde passé, présent ou futur, dans la pierre des cathédrales et des sables du Désert.

Cette manière de fixer et de figer des intrigues au contenu fugace s’ouvre à la participation du public des écrivains de passage, aux exécutants et aux scribes, comme à moi-même qui en forgeront la matérialité dans les lieux dont je communiquerai l’identité géographique au fur et à mesure des jours qui s’écoulent. J’envisage tant des mégalopoles insensées et des villes ensevelies par les eaux depuis l’Antiquité la plus reculée que des contrées imaginaires ou, au contraire, des théâtres plus familiers et, pour débuter, une rue parisienne à l’apparence quotidienne, banale et domestique :

La rue Duméril, en l’endroit où elle débouche sur un boulevard qui conduit vers le « quartier des naturalistes » de Buffon et Daubenton » et du Jardin des Plantes.

J’y inscrirais une ligne bien droite et bien visible pour que tous ceux qui en exprimeront la volonté, impriment, concrètement ou par leur esprit, un seul ou une pluralité de « mes carrés », afin de perpétuer mon œuvre carrésique infinie, afin d’insuffler à mes simples romans sans paroles les vertus inédites des nouvelles formes prosodiques narrant un univers où la seule cause sera le rien comme le tout.


Cette oeuvre d'Anne-Catherine Caron, conçue en 2011, est présentée du 25 août au 15 septembre 2012 à la Galerie-du-sac-de-la-dame




 

ROMANS VIRTUELS ET CONCRETS

Répétitions carrésiques infinies (2011)